dimanche 8 février 2009

Le jour de la pièce sur les rails.


En Hollande, à l'automne, une terre molle, des couleurs de fin de vie, un ciel de morne plaine, et les doutes qui se mélangent au désir. Sous les pieds, le bois mort, les feuilles de poussière, et cet humus, omniprésent. Un jeune homme nerveux, beau, une pièce entre les doigts, des rails au bout d'un chemin.

- Mettre la pièce sur les rails?

Du déjà vu, un tiroir s'ouvre, une avalanche s'en échappe et la neige se liquéfie.

Un an, un an a passé, et cette scène, plus à l'ouest, avec une pièce, sous un train, lors d'un départ pas comme les autres: le dernier départ qui impliquait un retour.
Dans une petite gare normande, panique d'enfant, les mains collées à la vitre du train. 

Ouvrir les vannes d'un deuil qui était en suspens. Il aurait fallut mélanger nos saveurs dans cette forêt, pour laisser le passé s'enterrer sous nos pieds, il aurait fallut que nos souffles battent la cadence, que les mains s'agrippent à de l'écorce pour mettre un point à cette phrase du temps. Mais la peur face à l'immensité de ce passé mal rangé, et à la nébuleuse de demain, a pris forme à mesure que nos yeux se fixaient, sous ces arbres trop sombres, dans ces allées rectilignes, et nous avons marché ensuite, à côté de nos ombres grandissantes.
L'automne avait gagné.