vendredi 27 mai 2011

VIDA

LIFE

La vie

C’est pour toi M.

La vie est une danse

Une transe vers l’infini.

Une stance de mots non-dits

Tu veux que j’écrive ?

Mon bras En ce moment. Adeso

Mon épaule immédiatement. Tout de suite

Ma main Aqui. Maintenant. Here.

Tout entier aujourd’hui. Ahora. Ici.

Tous entiers.

Ce tracé du stylo

Cette fixation du sens

Oui moi aussi

Je rêve d’une vie où tout mon être

Toute mon énergie et l’amour que je reçois

Soient mon essence, mon fluide,

Ma flamme et où mon imagination, le seul moteur de mes jours.

Ne pas servir d’outil à une chaîne qui ne s’arrête pas à soi.

Être une chaîne, un maillon, une histoire aboutie, non abrutie.

Ne pas attendre une vie pour arriver à soi. S’y rendre dès à présent.

Ne pas être aveugle à sa propre lumière.

Ne pas passer à travers soi.

Être les yeux, voir, dire, écrire.

mercredi 4 novembre 2009

slowly comes the future



En voyage je tiens sur la colonne vertébrale de mon travail que je m'astreins à maintenir ici coûte que coûte, tous les jours, et sans faille.

Je crois que je commence à en ressentir le bénéfice profond.

Cela faisait bien deux ans, voire un peu plus, que ce travail pris en marche comme un train un peu bondissant et aveuglé de ses propres fumées, me tenait et me pinçait tout en même temps. Mais moi aussi je le tenais, comme une longue corde dont je ne voyais pas l'attache. Tout au dernier moment, en bout d'élastique, à moitié assimilé et compris, et presqu'à moitié fait... du coup!

Je crois que je remonte la corde... C'est mieux! Plus confortable il va sans dire! Et le plaisir de faire commence comme par magie à s'inscrire dans mes journées...

Je suis sur le cheval emballé, et non accrochée à sa queue, le visage giclé de boue.

Et sa vitesse, commence à me plaire.


Je ne dis pas que c'est la révélation, que c'est l'ultime activité qui me remplit, mais que juste le fait de le faire mieux, me calme un peu, et que ce début là, de calme, fait écho à des régions de ma mémoire qui, je le pense, étaient inactives et enfouies depuis des années... où tout était fait en courant, en oubli de soi, en bordel, à fond, et surtout pas dans le calme, dont je crois avoir grand besoin pour m'épanouir. J'aime quand ça bouge, oui, mais pour les bonnes raisons.

Et je crois que finalement, j'aime aussi ce calme, cette paix, qui laisse apprécier les jolies choses que l'on ne voit pas en courant. Sauf si on court avec amour, sans peur d'être rattrapé. C'est autre chose encore...


C'est aussi je crois, pourquoi je me suis tant attachée à ce garçon un peu indolent mais non sans énergie.


Il m'a démontré que l'on peut faire, en étant posé, que l'on peut être là, à l'instant, au présent, à l'essentiel...

C'est une bonne chose, on peut faire... alors faisons! 


Bon évidemment d'une extrême à l'autre, je vais finir par tendre vers un équilibre qui rassemble tout cela non?


L'avenir de l'un massacre son présent, le présent de l'autre lui interdit un avenir et l'englue même dans son passé...


Nous sommes des victimes du temps, c'est indéniable.

Il nous gouverne, il nous fait naître et il nous tue... Tous sans exceptions.


Comme a dit Claude Levi-Strauss, le monde est apparu sans l'homme, il finira sans lui...


Bon et bien avant cela, j'aimerai avoir touché du doigt ce ralentissement des choses qui nous va je crois assez bien.

Le slow food, le slow love, le slow tout court, le slow living!


on va se calmer, on va trouver un rythme, une allure, qui va bien.

samedi 10 octobre 2009

Les bottes de sept lieux




Bon, ben j’ai pris les bottes en cuirs. Après trois jours entiers d'hésitation sans issue. Et à la minute où je l’ai fait, j’ai su que j’avais pris la bonne décision. Cette hésitation, entre deux moi possibles, deux projections sur deux routes non pas opposées mais qui pourraient mener dans des endroits si différents, des destins noir ou blanc...
Je me dis que c'est pas bon signe cette incapacité à trancher. Une grande amie me dit que c'est juste un désir plus grand que nos budgets...
Je préfère cette version là, c'est sûr.
Je trouvais plus facile, avant, quand la vie avait encore (du moins quand on en avait plus le sentiment... Parce que nous savons quand même que rien ne change vraiment, juste notre vision des choses) cette ouverture sur tout, de m’habiller, me déguiser, me proposer plusieurs versions bien marquées de moi, selon mes humeurs, mes envies. Je n’hésitais pas autant à me sentir séductrice, femme, unique, engagée ou en marge... Aujourd’hui, peut être, ma personne est plus entière, et donc plus difficile à déguiser en des choses que je n’ai pas emportées sur ma route... Des choses qu’il me faut aller chercher beaucoup plus loin, en arrière ou en avant.

Je suis bottée, et me sens plus définie dans ma personne. Gainée de cuir, la cheville soulignée, le pas qui claque, comme des mots bien dits, et le regard qui va plus loin. 



dimanche 8 février 2009

Le jour de la pièce sur les rails.


En Hollande, à l'automne, une terre molle, des couleurs de fin de vie, un ciel de morne plaine, et les doutes qui se mélangent au désir. Sous les pieds, le bois mort, les feuilles de poussière, et cet humus, omniprésent. Un jeune homme nerveux, beau, une pièce entre les doigts, des rails au bout d'un chemin.

- Mettre la pièce sur les rails?

Du déjà vu, un tiroir s'ouvre, une avalanche s'en échappe et la neige se liquéfie.

Un an, un an a passé, et cette scène, plus à l'ouest, avec une pièce, sous un train, lors d'un départ pas comme les autres: le dernier départ qui impliquait un retour.
Dans une petite gare normande, panique d'enfant, les mains collées à la vitre du train. 

Ouvrir les vannes d'un deuil qui était en suspens. Il aurait fallut mélanger nos saveurs dans cette forêt, pour laisser le passé s'enterrer sous nos pieds, il aurait fallut que nos souffles battent la cadence, que les mains s'agrippent à de l'écorce pour mettre un point à cette phrase du temps. Mais la peur face à l'immensité de ce passé mal rangé, et à la nébuleuse de demain, a pris forme à mesure que nos yeux se fixaient, sous ces arbres trop sombres, dans ces allées rectilignes, et nous avons marché ensuite, à côté de nos ombres grandissantes.
L'automne avait gagné.



samedi 24 janvier 2009

Non mais parce que faudrait savoir...


Maintenant que je suis là, il va falloir m'y implanter. M'y enraciner, avec des rhizomes et des radicelles, les branches vers la lumière et les feuilles au vent. Et, petit à petit, continuer de grandir, d'élargir mon tronc, de bourgeonner et de puiser inlassablement de quoi me nourrir, le corps et l'esprit. Le lieu me plaît, ceux qui y vivent déjà aussi. Mon petit me dit y être heureux. Belle frondaison. Apprendre à être là.
Sans penser quand j'y suis, à ce que pourrait être un ailleurs.
Et la souplesse, attention à ne pas confondre terre et ciment, bois et béton. Le vieux cèdre de 186 ans a cédé sa place au vent, je l'avais enlacé en novembre.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le vent ne fait pas place nette.

vendredi 23 janvier 2009

Parce que mon amie m'a dit: Recommence!

Alors, je continue plutôt.
Je suis partie. Complètement, de là-bas, de la vie tissée depuis 7 ans, de mes draps, de mes traces. J'ai donné mes chèvres, rangé mon cheval, abandonné mes chats, pris mon fils, et j'ai roulé. 10 heures. Vers le Sud.
Et voilà un an que je suis partie. Alors maintenant je peux dire, je suis là. Ma vie est ici. Elle a repris, une maille, une autre, des points sautés, un accroc, la laine peluche, les couleurs manquent d'éclat, mais petit à petit, ça ressemble à quelque chose. 
Et, je viens de changer de pelote, meilleure qualité, j'y arrive mieux, je n'ai pas hésité à défaire et refaire, jusqu'à ce que cela me plaise. 
Voilà, j'ai recommencé.

vendredi 15 février 2008


La fenêtre est ouverte sur la nuit tombante, quelques moteurs lointains et plus proche, un aboiement de chien de ferme. Le chien noir des voisins, attaché à cette longue chaîne qui soulève la poussière dès qu'il bouge. A chaque fois qu'elle le caresse, elle se rappelle trop tard que l'odeur est tenace sur la main.
Plus près. À quelques mètres en dessous, une télévision allumée face à un homme endormi. Il s'endort toujours devant et la rejoint quand elle est en plein rêve, déjà loin.
Elle se demande si la télévision aura raison de leurs corps. Le vent passe un peu fort sous sa fenêtre. Une douleur vive et éphémère traverse le côté droit de son ventre. Instantanément la peur de finir comme son aïeule s'imprime en elle: cancer du colon. 
La nuit avance, La télévision est toujours allumée, l'homme endormi. 
Elle s'étire, se sent bien.
Elle inspire en contractant le périnée. 
Il y a eu du changement dans cette région-là, le passage l’a transformée, est ce un mal? Le souffle calme de sa fille à quelques mètres de son lit répond immédiatement. 
Elle descend les escaliers de pierre à petits pas de ses petits pieds nus. Elle tend le cou au-dessus de lui pour voir son visage. À la télévision défilent des images qui lui font peur. Comme un film de Cocteau, en surimpression une litanie sur un ton très années cinquante. Une maladie qui ronge, des visages monstrueux à jamais, des murs décrépis, des couleurs passées, encore ces visages et des moignons. 
Changer de chaîne, pas de cauchemars télé-induits. L’image fixée de ces grands malheurs que plus rien ne changera, non. Le protéger.
Elle se promène dans les grandes pièces de cette maison qui les abrite depuis 6 ans, éteint les lumières, ferme les fenêtres et va respirer un peu l’air de la terre à sa porte. C’est à ce moment-là, seule face à la nuit, nue et réceptive, que les odeurs de ce lieu viennent se présenter à elle : terre et mer mêlées. Parcourue de frissons, les premiers signes de l’automne, elle tire doucement la porte et tourne la clé. 
Quelques gorgées au robinet de la cuisine et l’inox de l’évier lui barre le ventre de froid. Elle garde un peu l’eau en bouche et l’avale juste avant qu’elle ne se réchauffe. Elle n’a pas parlé depuis si longtemps ; sa langue sèche, l’intérieur de ses joues se rigidifie. Son cœur, lui, gonfle. Elle capte tant de choses depuis qu’elle s’est tue. Elle sourit. Fort, à tout ce qui l’entoure. Une caresse au chat enroulé sur un fauteuil. Un sourire de chat, c’est bon. Elle écoute encore un peu l’homme qui dort, baisse un peu le son de la télévision et passe les doigts dans ses cheveux épais d’homme. Respirer le parfum qui monte jusqu’à elle. Elle monte ensuite les marches lisses et glacées. La respiration de son enfant est comme une caresse de l’intérieur qui vient chatouiller les entrailles, ivresse intime, ce simple bonheur de savoir que l’enfant est en paix, rend la vie belle. Souhaiter que ce moment privilégié entre tous, sentir tous ses cœurs battrent en mesure, que ce moment devienne un point unique, immuable, éternel et moment étalon de sa vie. 
Elle inspire aussi au-dessus du lit miniature, et quand la chaleur enfantine est au fond d’elle, elle va se glisser dans son grand lit que le vide a refroidi, ferme les yeux et s’endort presque aussitôt, telle une ogresse repue de jouissance.